Evreux, traversée par l’Iton, rivière navigable, est au IIIème siècle de notre ère, une cité florissante située au carrefour d’une importante activité commerciale. La ville tranquille et agréable devient soudain la cible d’invasions barbares : en 275 après J.C. des germains et des saxons dévastent la cité de Mediolanum Aulercorum, comme elle se nommait autrefois. Pour se protéger des ces envahisseurs, les habitants décident de construire un CASTRUM (rempart) entouré de fossés, dérivant pour ce faire le cours de l’Iton.
Pour la construction de ce rempart, des éléments hétéroclites de temples détruits ont été utilisés : fûts de colonnes, chapiteaux, parements en silex et moellons calcaires ainsi qu’un chaînage de briques… Achevée, la fortification est longue d’environ 1, 145 Km et couvre une superficie de 9 hectares pour former un quadrilatère au sein duquel vies religieuse et intellectuelle de la cité se côtoient (épaisseur du Mur au niveau de l’Ancien Evêché : 2.90m).
Nous en avons de multiples vestiges à la Médiathèque, Rue St Louis… mais c’est au Miroir d’Eau que nous pouvons le mieux l’admirer puisque l’urbaniste Paul DANGER, en charge de la reconstruction d’Évreux après la 2nde Guerre Mondiale, a eu un coup de génie en utilisant un coude formé par l’Iton pour l'élargir en un plan d’eau qui s’étend devant la Cathédrale et l’ancien évêché. Ce miroir d’eau reflète les humeurs du ciel et les images inversées de notre Cathédrale, de l’actuel Musée d’Évreux Ancien évêché et de nos remparts…. Une merveille à ne pas manquer.
Ce monument, nous le devons à la générosité de la famille Delhomme. Plus précisément à Olivier Delhomme qui était adjoint au maire. N’ayant pas d’enfant, en accord avec ses frères il fait d’Évreux son légataire universel léguant à la ville la somme de 300 000 francs sous condition qu’un Hôtel de ville digne de la cité soit érigé. Un codicille stipule que l’architecte sera choisi sur concours. Monsieur Delhomme décède en 1874 et le concours n’est ouvert qu’en 1881. C’est un architecte parisien du nom de Thierry Ladrange qui remporte le concours ce qui ne réjouit guère les Ebroïciens qui auraient souhaité que le gagnant soit au moins normand. Le projet de M Ladrange coûte 600 000 francs soit deux fois plus que la somme léguée. A plusieurs reprises, il refait des devis et finalement la taille de l’édifice passera de76 à 64 mètres. La somme de 300 000f étant toujours insuffisante, la municipalité a eu la bonne idée de placer l’argent de façon à le faire fructifier.
La construction a débuté en 1890. Lors des fondations un morceau du rempart gallo romain a été mis à jour. Un trésor monétaire de 365 kg a été retrouvé. Il est constitué de pièces gallo romaines du 3 et 4e siècle, dont une partie est exposée au Musée d’Évreux.
L’édifice fut achevé en 1895 et donna lieu à 5 jours de festivités. Il est de style néo classique construit en pierre de Vernon. L’art classique consiste à reprendre des éléments de l’architecture romaine. Il se compose de 4 étages de différentes hauteurs. L’étage noble étant le 3e, c’est le plus haut éclairé par de grandes fenêtres. Décoré par les insertions de pierre. Le corps du logis se détache nettement des ailes et des pavillons d’angles par son avancée et sa hauteur plus importante. Les grandes fenêtres encadrées de colonnes éclairent la salle des mariages dont les plafonds ont été peints par Charles Denet peintre Ebroïcien.
Le corps de logis est surmonté d’un fronton triangulaire qui abrite les armes de la ville ainsi que trois stèles qui représentent la prospérité (corne d’abondance), la liberté (l’urne) et la loi (faisceau licteur). Une frise sculptée représente des paysages ruraux. Ce qui montre l’attachement d’Évreux à sa région agricole.
Ce monument surprend les visiteurs car il est plutôt typique des régions Nord Picardie et de l’Artois. Il est le symbole d’une cité riche et puissante. Sa fonction première est défensive, il sert de tour de guet. Jusqu’en 1396, les bourgeois se relayaient dans une des tours de la cathédrale à défaut de Beffroi. Fin 15e, les bourgeois décident la construction d’un beffroi digne de leur cité avec l’approbation de Louis XI qui pensait couvrir la dépense par le produit d’une taille que les bourgeois consentirent à payer. Ce nouveau Beffroi tout en pierre haut de 43,90 mètres édifié en 1497 à l’endroit de l’une des deux tours qui flanquait la porte principale de la cité. Il peut recevoir la Louyse , une cloche offerte par le dauphin Louis, fils de Charles VI. Cette cloche coulée en 1406 rythme la vie des Ebroïciens depuis 5 siècles. En 1620 deux timbres lui furent ajouter de façon à ce qu’elle sonne les demi-heures.
Evreux n’était pas en retard sur la capitale car dans un texte il est fait mention d’une horloge en 1396. La première horloge dont on a connaissance à Paris daterait de 1389. Cette horloge qui a traversé les siècles a été restaurée au 19e par un célèbre horloger ébroïcien nommé Rosse qui refit tout le mécanisme.
Pierre Smoteau maître maçon, dirigea la construction de l’édifice et exécuta la plupart des sculptures excepté le tympan que l’on doit à Jean Cossart.
Cet édifice de base carré est surmonté d’une tour octogonale d’un décor très sobre. Seule la présence de quelques éléments gothique rompt la sobriété de l’édifice. Une balustrade ornée de soufflets et de mouchettes, la présence de gargouille. Il a miraculeusement échappé au bombardement de 1940, c’est le seul monument civil médiéval qu’il nous reste et c’est l’un des deux seuls beffrois normands encore conservés. Classé Monument historique en 1862.
Elle date de 1882 et est antérieure à la construction de l’hôtel de ville. L’architecte a bien pris soin d’aligner le perron de l’édifice dans l’alignement de la Fontaine afin que la Place garde une harmonie. Cette fontaine est du au legs de Madame Jules Janin qui a offert la somme de 300 000f à la ville de façon à ce qu’un réseau d’eau potable soit installé dans la ville. En échange, elle souhaitait qu’une fontaine à eau jaillissante soit érigée sur une grande place en souvenir de son père M. Huet Président du tribunal civil et de son mari Jules Janin, membre de l’Académie française. Émile Décorchemont est l’auteur de cette fontaine. Celle-ci se décompose de la façon suivante. Au sommet une femme représente l’Eure et les deux enfants ses affluents l’Iton et le rouloir. L’Eure tient dans sa main gauche le symbole allégorique de la rivière qui est la rame s’appuie côté droit sur le blason de la ville. Les enfants d’environ 8 et 12ans à l’age fougueux, illustre parfaitement le cours sinueux de l’Iton et du rouloir. Au second niveau de l’eau jaillit de têtes de lions dans de magnifiques vasques et de têtes de dauphins dans le bassin réceptacle. les chapiteaux sculptés dans le socle du marbre polychrome donnent une note chatoyante à cet édifice de pierre jaune. Émile Décorchemont très attaché à sa région a pris soin de sculpter les blasons de 4 grandes villes de l’Eure. Louviers, Les Andelys, Bernay et Pont-Audemer.